Christ le Phénix
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Christ le Phénix

May 30, 2023

Les paroles de Jésus ne semblent pas avoir de sens : « Pas un cheveu de votre tête ne périra » (Luc 21 : 18). Ce commentaire semble contredire non seulement l’expérience commune – nous traversons tous de nombreuses épreuves – mais aussi les sévères avertissements de Jésus à propos des guerres, des tremblements de terre et des persécutions : « Vous serez livrés même par vos parents, par vos frères, par vos parents, par vos amis, et par certains. de vous, ils feront mourir » (21 : 16). Que veut-il dire par « Pas un cheveu de ta tête ne périra » ?

Les difficultés, et la persécution en particulier, peuvent nous amener à remettre en question la fidélité de Dieu. Notre monde s'effondre ; les ténèbres nous attirent ; la fin semble proche – comment pouvons-nous faire confiance aux paroles prononcées par Jésus ?

Les deux lectures du lectionnaire du 23 novembre (Luc 21 : 10-19 et Apocalypse 15 : 1-4) parlent de nos doutes et visent à raviver notre confiance. Il en va de même pour l'exemple de saint Clément de Rome, que l'église commémore aujourd'hui.

Les affirmations paradoxales de Jésus – « Certains d'entre vous seront mis à mort » et « Pas un cheveu de votre tête ne périra » – peuvent nous déconcerter. Mais ensuite le Livre de l’Apocalypse nous emmène au ciel, où nous voyons des gens au bord d’une mer de cristal, une harpe à la main. Ces gens sont des martyrs ; bien qu'ils aient été mis à mort, saint Jean parle d'eux comme de conquérants, de gens qui ont vaincu la bête et son image (Apocalypse 15 : 2-3).

C'est un paradoxe – martyrs et conquérants – mais finalement pas de contradiction, car c'est dans et par leur martyre qu'ils ont vaincu la bête.

Le combat peut nous fatiguer ; dans notre fatigue, nous commençons à remettre en question la bonté et la fidélité de Dieu. Les paroles de Luc et notre propre expérience nous font perdre courage, car dans les deux cas nous rencontrons des réalités – « certains d’entre vous seront mis à mort » – qui semblent entrer en conflit avec la bonté et la miséricorde de Jésus, qui nous a promis de « ne pas un cheveu de ta tête périra.

Saint Clément, dans sa première épître aux Corinthiens, raconte l'ancien conte grec du phénix, un oiseau mythique qui, après avoir vécu cinq cents ans, meurt puis renaît de ses cendres. Voici comment Clément raconte l’histoire :

Clément raconte cette histoire vers l'an 96, peu avant sa propre mort. Il nous rappelle l’application chrétienne du mythe antique : « Le Créateur de l’univers, dit-il, fera ressusciter ceux qui l’ont pieusement servi dans l’assurance engendrée par une foi honnête. »

Tout au long de sa lettre, Clément nous encourage donc à ne pas prendre les choses en main mais à nous confier à un Dieu fidèle : « Que nos âmes s’accrochent à Celui qui est fidèle dans ses promesses et juste dans ses jugements ».

Clément nous persuade que l’on peut faire confiance à Jésus, de deux manières. Premièrement, il précise que les paroles de Jésus ne sont pas que des paroles. « On fera mourir certains d’entre vous », dit Jésus. Il aurait très bien pu dire : « Certains d’entre nous seront mis à mort. » Jésus subit sa mort en martyr sachant que, néanmoins, pas un cheveu de sa tête ne périra. Il est le phénix mort et ressuscité. On peut faire confiance à Jésus parce qu’il a fait ce qu’il a dit ; il a mis en pratique ses paroles ; il est mort et a vécu à nouveau. Pas un cheveu de sa tête n'a péri.

Deuxièmement, Clément lui-même se met à la harpe. Ne l'entendons-nous pas, parmi bien d'autres voix, là-bas, au bord de la Mer de Cristal ? Clément fut également du nombre des mis à mort. Lui aussi a vaincu par son martyre. La tradition veut qu'il ait été attaché à une ancre et jeté d'un bateau dans la mer Noire, au large des côtes de Crimée. Le pape Clément a fait confiance aux paroles de Jésus et nous l'entendons ainsi chanter son beau rôle au sein du chœur des martyrs.

Ni nos difficultés ni les paroles de Jésus ne contredisent la vérité : « Pas un cheveu de ta tête ne périra. » Ce ne sera pas le cas, car dans notre Seigneur ressuscité, nous sommes des phénix, renaissant de nos cendres.

Hans Boersma est professeur de théologie ascétique de Saint Benoît, Serviteurs du Christ, au séminaire théologique de Nashotah House.

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